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17 mai 2014 6 17 /05 /mai /2014 09:36

Il était une fois, dans des temps très anciens, des gens qui vivaient très heureux. Ils s'appelaient Timothée et Marguerite et avaient deux enfants, Charlotte et Valentin. Ils étaient très heureux et avaient beaucoup d'amis.


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Pour comprendre à quel point ils étaient heureux, il faut savoir comment on vivait à cette époque-là. Chaque enfant, à sa naissance, recevait un sac plein de chaudoudoux. Je ne peux pas dire combien il y en avait dans ce sac on ne pouvait pas les compter. Ils étaient inépuisables. Lorsqu'une personne mettait la main dans son sac, elle trouvait toujours un chaudoudou. Les chaudoudoux étaient très appréciés. Chaque fois que quelqu'un en recevait un, il se sentait chaud et doux de partout.


Ceux qui n'en avaient pas régulièrement finissaient par attraper mal au dos, puis ils se ratatinaient, parfois même en mouraient. En ce temps-là, c'était très facile de se procurer des chaudoudoux. Lorsque quelqu'un en avait envie, il s'approchait de toi et te demandait : " Je voudrais un chaudoudoux ". Tu plongeais alors la main dans ton sac pour en sortir un chaudoudou de la taille d'une main de petite fille. Dès que le chaudoudoux voyait le jour, il commençait à sourire et à s'épanouir en un grand et moelleux chaudoudoux. Tu le posais alors sur l'épaule, la tête ou les genoux, et il se pelotonnait câlineusement contre la peau en donnant des sensations chaleureuses et très agréables dans tout le corps.


Les gens n'arrêtaient pas d'échanger des chaudoudoux. et, comme ils étaient gratuits, on pouvait en avoir autant que l'on en voulait. Du coup, presque tout le monde vivait heureux et se sentait chaud et doux.


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Je dis « presque », car quelqu'un n'était pas content de voir les gens échanger des chaudoudoux. C'était la vilaine sorcière Belzépha. Elle était même très en colère. Les gens étaient tous si heureux que personne n'achetait plus ses philtres ni ses potions. Elle décida qu'il fallait que cela cesse et imagina un plan très méchant.


Un beau matin, Belzépha s'approcha de Timothée et lui parla à l'oreille tandis qu'il regardait Marguerite et Charlotte jouer gaiement. Elle lui chuchota : « Vois-tu tous les chaudoudoux que Marguerite donne à Charlotte ? Tu sais, si elle continue comme cela, il n'en restera plus pour toi ». Timothée s'étonna : « Tu veux dire qu'il n'y aura plus de chaudoudoux dans notre sac chaque fois que l'on en voudra un ? » « Absolument, répondit Belzépha. Quand il n'y en a plus, c'est fini ». Et elle s'envola en ricanant sur son balai. Timothée prit cela très au sérieux, et désormais, lorsque Marguerite faisait don d'un chaudoudoux à quelqu'un d'autre que lui, il avait peur qu'il ne lui en reste plus.


Et si la sorcière avait raison ? Il aimait beaucoup les chaudoudoux de Marguerite, et l'idée qu'il pourrait en manquer l'inquiétait profondément, et le mettait même en colère. Il se mit à la surveiller pour ne pas qu'elle gaspille les chaudoudoux et en distribue trop aux enfants ou à n'importe qui.


Puis il se plaignit chaque fois que Marguerite donnait un chaudoudoux à quelqu'un d'autre que lui. Comme Marguerite l'aimait beaucoup, elle cessa d'offrir des chaudoudoux aux autres et les garda pour lui tout seul. Les enfants voyaient tout cela, et ils pensaient que ce n'était vraiment pas bien de refuser des chaudoudoux à ceux qui vous en demandaient et en avaient envie. Mais eux aussi commencèrent à faire très attention à leurs chaudoudoux. Ils surveillaient leurs parents attentivement, et quand ils trouvaient qu'ils donnaient trop de chaudoudoux aux autres, ils s'en plaignaient. Ils étaient inquiets à l'idée que leurs parents gaspillent les chaudoudoux.


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La vie avait bien changé : le plan diabolique de la sorcière marchait ! Ils avaient beau trouver des chaudoudoux à chaque fois qu'ils plongeaient la main dans leur sac, ils le faisaient de moins en moins et devenaient chaque jour plus avares. Bientôt tout le monde remarqua le manque de chaudoudoux, et tout le monde se sentit moins chaud et moins doux.


Les gens s'arrêtèrent de sourire, d'être gentils, certains commencèrent à se ratatiner, parfois même ils mouraient du manque de chaudoudoux. Ils allaient de plus en plus souvent acheter des philtres et des potions à la sorcière. Ils savaient que cela ne servait à rien, mais ils n'avaient pas trouvé autre chose ! La situation devint de plus en plus grave. Pourtant la vilaine Belzépha ne voulait pas que les gens meurent. Une fois morts, ils ne pouvaient plus rien lui acheter.


 

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Alors elle mit au point un nouveau plan. Elle distribua à chacun un sac qui ressemblait beaucoup à un sac des chaudoudoux, sauf qu'il était froid, alors que celui qui contenait les chaudoudoux était chaud. Dans ces sacs, Belzépha avait mis des froids-piquants. Ces froids-piquants ne rendaient pas ceux qui les recevaient chauds et doux, mais plutôt froids et hargneux. Cependant, c'était mieux que rien. Ils empêchaient les gens de se ratatiner. À partir de ce moment-là, lorsque quelqu'un disait : « Je voudrais un chaudoudoux », ceux qui craignaient d'épuiser leur réserve de chaudoudoux répondaient : « Je ne peux pas vous donner un chaudoudoux, mais voulez-vous un froid-piquant ? ».


Parfois, deux personnes se rencontraient en pensant qu'elles allaient s'offrir des chaudoudoux, mais l'une changeait soudain d'avis, et finalement elles se donnaient des froids-piquants. Dorénavant, les gens mouraient presque plus, mais la plupart étaient malheureux, avaient froid et étaient hargneux. La vie devint encore plus difficile : les chaudoudoux qui au début étaient disponibles comme l'air que l'on respire, devinrent de plus en plus rares. Les gens auraient fait n'importe quoi pour en obtenir.


Avant l'arrivée de la sorcière, ils se réunissaient souvent par petits groupes pour échanger des chaudoudoux, se faire plaisir sans compter, sans se soucier de qui offrait ou recevait le plus de chaudoudoux. Depuis le plan de Belzépha, ils restaient par deux et gardaient les chaudoudoux l'un pour l'autre. Quand ils se trompaient en offrant un chaudoudoux à une autre personne, ils se sentaient coupable, sachant que leur partenaire souffrirait du manque.


Ceux qui ne trouvaient personne pour leur faire don de chaudoudoux étaient obligés de les acheter et devaient travailler de longues heures pour les gagner.


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Les chaudoudoux étaient devenus si rares que certains prenaient des froids-piquants qui, eux, étaient innombrables et gratuits. Ils les recouvraient de plumes un peu douces pour cacher les piquants et les faisaient passer pour des chaudoudoux. Mais ces faux chaudoudoux compliquaient la situation. Par exemple, quand deux personnes se rencontraient et échangeaient des faux chaudoudoux, elles s'attendaient à ressentir une douce chaleur et s'en réjouissaient à l'avance et, au lieu de cela, elles se sentaient très mal. Comme elles croyaient s'être donné de vrais chaudoudoux, plus personne n'y comprenait rien !


Évidemment comment comprendre que ses sensations désagréables étaient provoquées par les froids-piquants déguisés en faux chaudoudoux ? La vie était bien triste ! Timothée se souvenait que tout avait commencé quand Belzépha leur avait fait croire qu'un jour où ils ne s’y attendraient pas, ils trouveraient leurs sacs de chaudoudoux désespérément vides.


Mais écoutez ce qui se passa. Une jeune femme gaie et épanouie, aux formes généreuses, arriva alors dans ce triste pays. Elle semblait ne jamais avoir entendu parler de la méchante sorcière et distribuait des chaudoudoux en abondance sans crainte d'en manquer. Elle en offrait gratuitement, même sans qu'on lui en demande. Les gens l'appelèrent Julie Doudoux. Mais certains la désapprouvèrent parce qu'elle apprenait aux enfants à donner des chaudoudoux sans avoir peur d'en manquer.


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Les enfants l'aimaient beaucoup parce qu'ils se sentaient bien avec elle. Eux aussi commencèrent à distribuer à nouveau des chaudoudoux comme ils en avaient envie. Les grandes personnes étaient inquiètes et décidèrent de passer une loi pour protéger les enfants et les empêcher de gaspiller leurs chaudoudoux.


Malgré cette loi, beaucoup d'enfants continuèrent à échanger des chaudoudoux chaque fois qu'ils en avaient envie et qu'on leur en demandait. Et comme il y avait beaucoup d'enfants, beaucoup d'enfants, presque autant que les grandes personnes, il semblait que les enfants allaient gagner.


À présent, on ne sait pas encore comment ça va finir.


Par Claude Steiner

 

Merci Thierry de m'avoir fait connaître ce joli conte.

 

 

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24 mars 2013 7 24 /03 /mars /2013 07:02

Tu vis sur une planète sur laquelle l’Amitié est le sujet le plus important dans la vie des gens. Tu es censé avoir beaucoup d’amants (et aussi des collègues, des connaissances, des voisins, etc.), mais sur ta planète, ce sont des liens plus faibles que les liens d’Amitié. Chaque adulte est censé avoir un Ami : une âme sœur avec qui partager son intimité et sa vie.


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En plus de cela, sur ta planète, l’Amitié est fondamentalement basée sur le principe de « l’exclusivité amicale ». Tu peux te montrer amical pour trouver ton vrai Ami mais dès que tu es impliqué dans une relation d’Amitié, tu dois te consacrer à ton Amitié. Ton ami et toi, vous organiserez une Cérémonie d’Engagement Amical. Elle sera démesurée, sa préparation durera plusieurs mois. Vous y inviterez tous vos amants, collègues et autres connaissances. « Pour le meilleur et pour le pire », vous y échangerez vos vœux de fidélité réciproques et perpétuels.

 

Sur ta planète, il existe des règles strictes concernant l’amitié avec quelqu’un qui n’est pas ton Ami. L’amitié est désapprouvée sur le lieu de travail ou dans d’autres situations pour lesquelles tu es censé conserver une attitude professionnelle. Si tu passes trop de temps avec l’un de tes amants, les gens pourraient se demander si vous êtes davantage que « simplement amants » et te suspecter de « tromper » ton Ami. Tu peux avoir un fantasme d’amitié envers tes amoureux, mais tu ne dois pas suivre ces sentiments, sinon ton Amitié serait en danger.


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Quand tu étais enfant, la plupart de tes jeux et de tes jouets étaient sur le thème de ta future recherche de l’Ami. Dans les histoires, l’Amitié finissait toujours par triompher : « ils vécurent heureux jusqu’à la fin de leurs jours ». Les amitiés d’adolescence ne sont pas censées durer longtemps. En effet, tout le monde sait qu’entrer dans une relation sérieuse d’Amitié demande un certain degré de maturité. Les ados sont encouragés à développer leurs compétences en matière d’Amitié. Cependant, les adultes exercent un fort contrôle sur la question de savoir si telle ou telle personne est un ami approprié pour les jeunes ou pas. Dans ta jeunesse, tu te rebellais lorsque des membres de ta famille pensaient savoir qui serait potentiellement un bon Ami pour toi.

 

La plupart des documents officiels demande des informations sur ton statut d’Amitié : célibataire, en Amitié, séparé, en instance de rupture. Il y a des mots désobligeants pour décrire les gens qui n’ont pas d’Ami. Quand tu rencontres les gens autour de toi (tes amants ou les membres de ta famille par exemple), la première chose qu’ils te demandent, c’est si tu as enfin trouvé un Ami ou si tout va bien dans ta relation avec ton Ami.


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L’importance de l’Amitié est constamment rappelée. Les chansons populaires, les émissions de télé, les magazines et les livres ne parlent que d’Amitié ou de gens qui tombent en Amitié, qui se séparent, qui trouvent l’Ami idéal, qui perdent leur Ami à cause de la mort ou de l’infidélité, qui ont des difficultés d’Amitié, etc. Dans toute publicité, il y a un lien avec ta capacité à être ou à rester en Amitié. En fait, c’est difficile pour toi de te sentir bien dans ton Amitié parce qu’il y a un nombre incalculable de choses que tu dois acheter ou faire pour améliorer ton Amitié. De nombreux guides pratiques – dont beaucoup sont des best sellers – expliquent comment rencontrer un Ami, comment « travailler » son Amitié, comment garder son Ami ou éviter de perdre le piquant dans son Amitié sur le long terme. Et tout le monde sait que, lorsqu’une Amitié se termine, plus tu es âgé et plus c’est difficile de commencer une nouvelle Amitié parce que la plupart des gens de ton âge sont déjà « pris ».

 

Bien sûr, des statistiques indiquent qu’il y a beaucoup de gens qui finissent par mettre fin à leur Amitié ou qui ne respectent pas « l’exclusivité amicale », le plus souvent sans le montrer. Tu sais tout cela, parce que la plupart des livres, des films et des séries télévisées parlent de relations amicales plombées par les difficultés. Tu sais aussi que passer trop de temps au travail peut interférer avec ton Amitié. Il t’est arrivé de dire à tes amants que tu avais moins de temps à leur consacrer quand tu commençais une nouvelle Amitié.

 

Les dirigeants religieux de ta planète se soucient beaucoup du taux croissant des ruptures d’Amitié. Si ton ami et toi deviez chercher une thérapie pour les problèmes liés à l’Amitié, il y a de fortes chances pour que vous trouviez un thérapeute qui a été formé pour voir l’Amitié comme l’élément essentiel pour expliquer l’ensemble du fonctionnement humain. C’est particulièrement vrai pour les disciples du docteur Freund (le mot allemand pour ami), même si le grand-public considère que ses théories prêtent à controverse, particulièrement celle qui affirme que même de jeunes enfants peuvent avoir des fantasmes d’Amitié.


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Récemment, pour ton travail, tu as participé à une conférence. Tu y as rencontré une femme que tu as beaucoup appréciée et envers qui tu t’es montrée amicale. Tu n’en es pas certaine mais tu es presque sûre qu’elle était tout aussi amicale avec toi. Depuis tu n’arrêtes pas de penser à elle et tu en as même parlé à quelques amants. Des questions inquiétantes se posent à toi. Comment trouverais-tu le temps d’avoir plus d’une Amie ? Que se passerait-il si ton Amie actuelle découvrait ta nouvelle relation et que cela affectait votre Amitié actuelle, elle qui t’apporte tant de confort depuis tant d’années, même si elle n’est pas parfaite… Des règles de base seraient indispensables pour gérer une relation aussi compliqué qu’une double Amitié. Même si vous décidiez de limiter la nouvelle Amitié à des moments de vacances, de voyages ou de déplacements, cela n’affecterait-il pas ta capacité à être engagé à 100% avec ton Amie ?

 

Si seulement l’Amitié n’était pas si compliquée ! Prenons l’exemple de tes relations avec tes amants. Ils ne sont pas jaloux les uns des autres, ni quand tu fais l’amour avec quelqu’un d’autre. Personne ne s’intéresse au nombre de tes amants. En fait, dans ta vie, c’est même difficile de déterminer qui est un « amant » et qui ne l’est pas, tellement ce terme est utilisé facilement sur ta planète : il décrit n’importe quelle personne avec qui tu as partagé du sexe. Après tout, le sexe n’est pas bien défini et peut décrire toutes sortes de pensées, de comportements et de relations. Qui pourrait donc prétendre avoir des critères pour les amants comme on le fait sur ta planète pour les Amis ? Si seulement on pouvait ne pas être aussi obsédé par les Amis, les Amis, les Amis ! Parfois, tu as l’impression d’être une extra-terrestre.


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 Extraits de l’article d’Esther Rothblum : « Poly-Friendships »

The Lesbian Polyamory Reader: Open Relationships, Non-Monogamy, and Casual Sex (ed: Marcia Munson and Judith P. Stelboum) The Haworth Press, Inc., 1999, pp. 71-83 ; Journal of Lesbian Studies (The Haworth Press, Inc.) Vol. 3, No. 1/2, 1999, pp. 71-83

 

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29 décembre 2012 6 29 /12 /décembre /2012 22:28

En ce 27 janvier 1671, La Fontaine reçoit les premiers exemplaires de son troisième tome des contes libertins dont son imprimeur a achevé l'impression. Chut ! Ne le répétez pas aux enfants, mais dans le fabuliste sommeille un sacré cochon. Il ne se contente pas d'écrire des fables mettant en scène des animaux pour l'instruction du Dauphin, il rédige également des contes licencieux avec comme prétexte de dénoncer l'hypocrisie de son siècle. Surtout celle des gens d'Église qui baisent et foutent allégrement malgré leurs voeux de chasteté. Comme à son habitude, il pioche son inspiration dans les auteurs anciens, Boccace et bien d'autres. Il pille allégrement le recueil des Cent nouvelles nouvelles (fabliaux du XVe siècle). Entre 1664 et 1666, il publie ses premiers Contes et nouvelles en vers libertins rassemblés en deux tomes. Puis il enchaîne en 1668 avec la publication de 128 fables animalières de la plus haute décence.

 

Avec ses contes libertins, ne vous attendez tout de même pas à lire du Georges Bataille avant l'heure. Le subtil La Fontaine manie sa plume avec légèreté, il trousse les vers avec délicatesse. Point de graveleux, point de pornographique. Au point qu'un lecteur non averti n'y verrait que du feu. Il faut "dire sans dire". C'est le prince de la métaphore pour contourner les mots condamnés par la bienséance. Pour évoquer le pénis, il fait appel au serpent. Et pour que son lecteur comprenne bien la métaphore, il ajoute l'adjectif maudit, lui signifiant ainsi que le mot serpent est "mal dit". La Fontaine n'utilise pas la triviale expression "faire l'amour", mais "le diable en enfer". Le diable étant le sexe masculin, et l'enfer, bien entendu, le sexe féminin. Ainsi voile-t-il chaque mot trop explicite d'une gaze parfois opaque, parfois transparente.

 

Les histoires de cocuage constituent son fonds de commerce. Tel le conte de La Mandragore qui met en scène Callimaque amoureux de Lucrèce, l'épouse de Nicia Calfucci, un Florentin. Malheureusement, il a affaire à une épouse fidèle qui repousse tout amant, alors Callimaque élabore un stratagème machiavélique : il fait croire au mari, qui se désespère de voir sa femme ne pas lui donner d'enfant, qu'il connaît un remède secret. Celui-ci consiste à faire boire à Lucrèce du jus de mandragore. Mais le fourbe prévient : le premier homme qui caressera Lucrèce après l'absorption de la potion tombera raide mort. Le mari doit donc trouver une bonne âme pour essuyer les plâtres. La suite, on la devine : Callimaque se déguise en meunier pour se glisser dans le lit de la belle vertueuse avec la bénédiction du mari. Comme on le voit, il n'y a pas là de quoi fouetter un chat, fût-il Raminagrobis. Mais il fera pire.

 

En 1674, La Fontaine se lâche complètement. Il publie sa dernière série de contes, où les termes se font plus précis. Les métaphores volent au ras des "toisons", au point qu'une ordonnance de La Reynie, le chef de la police, en interdit la vente. Petit cadeau pour vous, voici une des oeuvres du grand La Fontaine, intitulée "Aimons, foutons".

 

Aimons, foutons, ce sont des plaisirs

Qu'il ne faut pas que l'on sépare ;

La jouissance et les désirs

Sont ce que l'âme a de plus rare.

D'un vit, d'un con et de deux coeurs

Naît un accord plein de douceurs

Que les dévots blâment sans cause.

Amaryllis, pensez-y bien :

Aimer sans foutre est peu de chose,

Foutre sans aimer, ce n'est rien.



 

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4 décembre 2012 2 04 /12 /décembre /2012 19:48

 

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Bel endroit douillet et chaud.

0ù la divine limpidité de l'eau.

Coule sur ma peau,

Eclabousse et mouille.

Survole et chatouille.

Mes sens...

Alors je m'agenouille.

Mes mains farfouillent.

Mes lèvres offertes.

Avec la mousse épaisse.

Dont je les barbouille.

Un parfum de fripouille.

Monte de mon sexe,

Fragrances osées.

De toute ma nudité.

Dans cette attente fiévreuse,

Furieuse...

Sous les crissements.

Du rasoir.

Qui exacerbe mes poils,

Tu me fais trembler.

Gémir, bander, mouiller,

Rien que d'y songer.

Ma toison se perd.

Avec l'eau qui disparaît.

Je suis veloutée,

Onctueuse à souhait.

Je frotte, je ponce.

Je fais peau neuve.

De mes pieds.

Jusqu'aux fesses.

De mes hanches.

Jusqu'aux épaules.

Rien n'est oublié.

De ma dépouille.

Je rince, je lisse.

Je m'étire.

Puis la pluie cesse.

Sur le dessus de.

Mes fesses.

Je m'enveloppe.

Et me sèche.

Mon corps exalte.

De toute sa beauté.

De son ombre.

Dans le miroir embué.

L'huile de soie.

Embaume mon corps.

Et glisse sur moi.

Mes mains se perdent.

De temps en temps.

Dans les méandres.

Du plein désir...

Je me surprends.

A apprécier y rester.

Un moment.

Délicieux supplice.

Que je savoure.

Tendrement.

Je sais que tu m'attends.

Là, derrière la porte.

Et mon corps s'impatiente.

Je me prépare.

Pour un assaut passionné.

Je sais que tu fantasmes.

De voir ma croupe.

Bientôt sous ton nez.

Je vais te l'offrir.

Toute préparée.

Attente divine.

D'une pause coquine.

Auteur : GrainedeLune

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14 juillet 2012 6 14 /07 /juillet /2012 18:48

Vaillant d'une ardeur toujours nouvelle je vais le long de tes jambes immenses.

Mes mains aveugles, suivent un chemin déjà tracé, harmonieux de courbes et de vallées.

Ma bouche amoureuse dépose sur ta peau ses baisers.

Là, sur un fil d'Ariane de frissons osés, ici des secrets, semblent déjà se révéler, ceux d'une terre, accueillante, mais bien incertaine, tant elle tremble et vibre dissimulant mal la fureur du volcan qui s'éveille...

Mais de précieux joyaux sont offerts à l'amoureux téméraire...

Et l'homme enivré de tes trésors aux saveurs mêlées, se demande déjà, s'il n'a pas encore une fois succombé à Circé.

Trop tard cependant pour reculer.

Ici, point de perplexité, devant le gouffre annoncé.

Alors, sans hésiter l'ombre d'un instant, fou ou à demi conscient, envoûté de tes sens, la tête remplie de tes secrets, une lance pour mieux percer ta nuit étoilée, je vais vaillant, affronter tous tes dangers !..

 

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22 mai 2012 2 22 /05 /mai /2012 19:35

 

Comme une ville qui s'allume

Et que le vent vient embraser,

Tout mon coeur brûle et se consume,

J'ai soif, oh ! j'ai soif d'un baiser.

 

Baiser de la bouche et des lèvres

Où notre amour vient se poser,

Pleins de délices et de fièvres,

Ah ! j'ai soif d'un baiser !

 

Baiser multiplié que l'homme

Ne pourra jamais épuiser,

O toi, que tout mon être nomme,

J'ai soif, oui d'un baiser.

 

Fruit doux où la lèvre s'amuse,

Beau fruit qui rit de s'écraser,

Qu'il se donne ou qu'il se refuse,

Je veux vivre pour ce baiser.

 

Baiser d'amour qui règne et sonne

Au coeur battant à se briser,

Qu'il se refuse ou qu'il donne

Je veux mourir de ce baiser.


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  • : le lutinage ou polyamour est un choix de vie qui légitime une relation sentimentale honnête, franche et assumée avec plusieurs partenaires. Chaque amour est unique, sans hiérarchie ni rivalité entre eux. Envie d'en discuter? n'hésitez pas à laisser vos commentaires ou à m'écrire.
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